Une nouvelle saison pour le cancer de l’ovaire
17 octobre 2019
L’automne (ou « la saison des gros chandails », comme certains aiment l’appeler) est finalement arrivé au Canada.
C’est une saison très occupée, lancée par la Randonnée de l’espoir de Cancer de l’ovaire Canada qui se tient chaque année en septembre – et lors de laquelle nous avons recueilli jusqu’à maintenant 1,8 million de dollars grâce à nos participants et donateurs généreux et infatigables d’un océan à l’autre – et marquée par d’autres activités de collecte de fonds et événements régionaux emballants.
Une saison occupée, mais aussi une saison qui suscite l’espoir.
J’ai assisté récemment à deux conférences internationales – une rencontre de l’International Gynecologic Cancer Society (IGCS) au Brésil et une rencontre de l’European Society of Medical Oncology (ESMO) en Espagne, où j’ai participé à des sessions de planification et des discussions en tant que directrice générale de Cancer de l’ovaire Canada, mais aussi en tant que présidente de la World Ovarian Cancer Coalition.
En assistant à des séances de travail et des réunions, en discutant avec mes collègues et homologues du monde entier, ainsi qu’avec des femmes atteintes de la maladie, j’ai constaté les disparités importantes et tragiques dans l’accès aux soins de santé et aux traitements pour les femmes touchées par des cancers gynécologiques dans le monde, et en particulier dans les pays où règne une pauvreté extrême et généralisée.
Dans certains pays, des femmes de moins de 30 ans meurent du cancer du col de l’utérus – un cancer facile à prévenir et à traiter quand il est dépisté – parce qu’elles n’ont tout simplement pas accès à un hôpital ou à des soins de santé, et encore moins à des traitements. Ici, au Canada, nous avons la chance de compter sur des groupes de défense des droits des patients et des structures pour inciter les gouvernements et les décideurs à passer à l’action pour régler les enjeux de santé des femmes. D’autres pays n’ont pas cette capacité ou les ressources nécessaires pour mettre en place de tels groupes et structures. Après avoir entendu parler de notre campagne de revendication réussie pour obtenir un financement de 10 millions de dollars pour la recherche sur le cancer de l’ovaire au Canada, un collègue de Jamaïque m’a prise à part après une séance pour me demander des conseils sur la façon de mettre sur pied un tel groupe dans son pays.
S’il est encourageant de voir que le Canada est cité comme un exemple à suivre en matière de défense des droits des patients, il est aussi décourageant de savoir que des femmes meurent du cancer de l’ovaire et d’autres cancers gynécologiques en raison de la pauvreté et des difficultés économiques ailleurs dans le monde.
Mais ce qui m’a permis de garder la tête haute pendant ces discussions, c’est la passion– je dirais même la persistance et la détermination inébranlables – des milliers de professionnels de la santé, de chercheurs, de scientifiques et de militants que j’ai côtoyés lors des séances et avec lesquels j’ai partagé des connaissances. Cela démontre clairement l’importance de trouver des façons de défier le statu quo mondial pour ces maladies. Comme première étape clé, la World Ovarian Cancer Coalition a entrepris le développement d’une nouvelle charte des droits des patients qui définira des pratiques exemplaires en matière d’accès aux soins et aux traitements dans le monde entier, et servira de base aux efforts de revendication internationaux. Cette charte sera basée sur les conclusions et les recommandations de l’étude Every Woman Study publiée par la coalition l’année dernière.
Lors de la conférence de l’ESMO, nous avons entendu des nouvelles prometteuses au sujet des inhibiteurs PARP* (ou PARPi), un traitement de première ligne émergent non seulement pour les femmes porteuses d’une mutation des gènes BRCA1 ou BRCA2, mais aussi pour toutes les patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire séreux de haut degré de malignité (le type de cancer de l’ovaire le plus courant). (Si vous ne connaissez pas les PARPi, consultez un article complet à ce sujet ici.)
De nombreuses études cliniques sont en cours sur ce type de traitement et certaines démontrent que les PARPi peuvent menacer sérieusement les cellules de cancer de l’ovaire, réduire de manière importante la progression de la maladie et offrir aux femmes la possibilité de vivre plus longtemps. Nous pouvons nous appuyer sur ces preuves pour continuer à militer auprès des gouvernements locaux et des fabricants de médicaments afin d’exiger un accès abordable et équitable aux médicaments et aux autres traitements pour les femmes atteintes du cancer de l’ovaire.
L’accent accru sur la prévention du cancer de l’ovaire ici, au pays, me donne aussi des raisons d’espérer. La prévention demeure l’une de nos priorités chez Cancer de l’ovaire Canada, avec l’augmentation des investissements dans la recherche sur la maladie et l’amélioration de l’accès aux soins.
Nous savons que toutes les femmes courent le risque de développer un cancer de l’ovaire, qu’elles aient ou non des antécédents familiaux de cette maladie. Nous savons que certaines femmes courent un risque plus élevé si elles sont porteuses d’une mutation des gènes BRCA1 ou BRCA2. Nous savons aussi qu’une femme porteuse d’une mutation de ces gènes peut réduire de manière importante son risque de cancer de l’ovaire (jusqu’à 98 %) en subissant une ablation chirurgicale des ovaires et des trompes de Fallope et que le risque de cancer de l’ovaire peut également être réduit par certaines interventions non chirurgicales. Je ne veux pas minimiser le poids important d’une décision de subir ce genre de chirurgie et d’interventions. Mais si de nouveaux traitements sont porteurs d’espoir, nous savons également que c’est le fait d’offrir aux femmes à risque la possibilité de prendre des mesures préventives ou de réduction des risques qui aura le plus d’impact sur le pronostic du cancer de l’ovaire.
Je remercie tous ceux qui appuient les efforts de Cancer de l’ovaire Canada pour sauver davantage de vies. Restez à l’écoute. Je continuerai à partager des nouvelles sur nos efforts de revendication à l’échelle internationale et locale, sur les traitements et sur la prévention de la maladie.
*PARP désigne la poly(ADP-ribose) polymérase.