Le courage de demander : Peggy Truscott
Août 2020
« Qui sait? On réussira peut-être à recueillir un peu d’argent », a-t-elle dit en haussant humblement les épaules. Aujourd’hui, quand je repense à ce que m’a dit Peggy Truscott en 2002, j’ai encore la chair de poule. Et les larmes aux yeux.
Cette femme qui avait reçu un diagnostic de cancer de l’ovaire se doutait-elle que cette simple demande mènerait à quelque chose de beaucoup plus grand? Qu’une petite activité à l’échelle locale deviendrait un jour une vaste communauté de soutien et de solidarité? Une activité qui mobilise et réunit des milliers de Canadiens d’un océan à l’autre pour recueillir des fonds et favoriser le progrès dans la lutte contre le cancer de l’ovaire.
Quand Peggy est venue me rencontrer en juillet 2002, Cancer de l’ovaire Canada avait une forme et un fonctionnement un peu différents de ce qu’on connaît aujourd’hui. Même notre nom était différent! On louait un tout petit bureau et on était une petite équipe de quatre personnes (dont moi). Bien sûr, comme on est un petit organisme de bienfaisance, notre budget est encore modeste aujourd’hui. On a augmenté notre capacité grâce à des dons généreux et du financement, mais à l’époque? Je vous assure, notre budget était vraiment dérisoire!
Et j’avais devant moi Peggy, une femme atteinte du cancer de l’ovaire, qui était venue me rendre visite en cette journée chaude de juillet pour me poser une question. Elle souhaitait encourager et remonter le moral de membres de son groupe de soutien qui avaient perdu des proches au cours de la dernière année; elle voulait créer une communauté; et elle voulait faire quelque chose pour cette maladie. Elle avait décidé d’organiser une marche dans son quartier. Et voici ce qu’elle m’a demandé ce jour-là. Est-ce que notre bureau pourrait s’associer à elle pour cette activité, et fournir un peu d’argent pour acheter des t-shirts que les gens pourraient porter fièrement en signe de soutien et de solidarité?
Peggy avait le don de bien demander. Elle disait ce qu’elle pensait et posait des questions sans savoir ce qu’on lui répondrait, en particulier au sujet de cette Randonnée. Elle a commencé avec les membres de sa famille et quelques amis, qui ont fini par effectuer différentes tâches et gérer la logistique de l’activité. Elle s’est informée, elle a appris, et elle a obtenu un permis de parc. Elle a communiqué avec un cultivateur de la région pour obtenir des paniers de magnifiques tournesols pour la journée (le tournesol est encore aujourd’hui un symbole précieux pour nous et l’image qui représente notre mission). Elle était débrouillarde, sans aucun doute.
Peggy était tellement déterminée qu’il n’était pas question que la Randonnée n’ait pas lieu. Peu importe ce qu’il fallait faire, Peggy, et les parents et amis qui l’appuyaient, allaient y arriver. Et c’est ce qui s’est produit plus tard au cours de l’été!
Si je repense à sa visite ce jour-là, est-ce que j’ai été un peu surprise par sa demande? Oui. Est-ce que je me suis demandé comment et où je trouverais l’argent pour l’appuyer? Tout à fait. Est-ce que je pouvais dire non?
En fait… pas vraiment. Je ne pouvais pas.
Je me sentais obligée d’être aussi déterminée et débrouillarde qu’elle. Les milliers de personnes, y compris les « sœurs turquoise » de Peggy qui ont lancé ou ont participé à une Randonnée dans leur communauté des années après elle, sans oublier les quelque 30 millions de dollars que nous avons recueillis depuis 2002, sont des rappels éloquents de ce qui est possible, même avec une demande toute simple.
« On réussira peut-être à recueillir un peu d’argent. » Oh, Peggy! Si tu pouvais nous voir aujourd’hui.
Peggy a eu le courage de demander, de solliciter son réseau et sa communauté, et ça m’inspire encore beaucoup aujourd’hui. C’est pourquoi en cette année et en cette période où le monde a vécu tellement de changements et de pertes douloureuses, je crois toujours à ce qui est bon, ce qui est juste et ce qui est possible. J’ai confiance et je constate que les gens continuent à penser aux autres avant de penser à eux, comme Peggy l’a fait. Ces personnes sont résilientes, elles s’adaptent et elles nous éblouissent par leur débrouillardise. Je le constate tous les jours au sein de notre communauté.
La Randonnée de l’espoir de Cancer de l’ovaire Canada 2020 passe en mode virtuel cette année. Elle sera donc différente. Mais j’espère que nous serons tout aussi audacieux, déterminés et résolus que Peggy l’était pour réaliser « sa » Randonnée. Pour de nombreuses femmes et leurs proches touchés par cette maladie, c’est vraiment une Randonnée de l’espoir. Elle réussit à inspirer et à mettre en contact des personnes qui se sentent seules. Les fonds recueillis sont réellement essentiels à notre travail quotidien et à notre mission. Nous ne pouvons pas nous réunir en personne pour la Randonnée comme nous avions l’habitude de le faire, mais nous pouvons quand même faire de la Randonnée 2020 la meilleure et la plus puissante de tous les temps.
Si vous ne l’avez pas déjà fait, inscrivez-vous à la Randonnée dès aujourd’hui. Invitez d’autres personnes à se joindre à vous. Le 13 septembre 2020, laçons nos chaussures de marche, réunissons-nous en pensée (distanciation sociale oblige) et passons à l’action!