Explorer les médecines douces
9 octobre 2012
Jusqu’à 80 % des Canadiens atteints de cancer ont recours aux médecines douces dans leur lutte contre cette maladie. Et pourtant, une étude menée en Colombie-Britannique a révélé que seulement 28 % des patients interrogés ont abordé la question avec leur équipe de soins en oncologie. Parmi ceux qui en avaient parlé, seulement 18 % ont reçu un appui suffisant pour prendre des décisions éclairées.
Un programme de recherche intitulé CAMEO (Complementary Medicine Education & Outcomes Program), élaboré en collaboration entre l’École de sciences infirmières de l’Université de Colombie-Britannique et le programme de recherche de la BC Cancer Agency, tente de combler cette lacune.
« Nous essayons de trouver le meilleur moyen d’aider les gens à prendre des décisions sûres et éclairées en matière de médecines douces, en fonction de leurs valeurs et de leurs préférences, ainsi que du contexte social de l’utilisation des médecines douces », explique Tracy Truant, infirmière autorisée et co-investigatrice du programme CAMEO.
« Il existe de plus en plus d’information disponible sur la sécurité, les risques et les avantages des médecines douces, et cette information est de plus en plus complexe. Les professionnels de la santé doivent améliorer leurs connaissances des médecines douces et leurs aptitudes de conseillers afin d’aider les patients et les familles à faire des choix sûrs et éclairés dans ce domaine. De plus, des études portant sur l’innocuité et l’efficacité de ces traitements complémentaires doivent être faites. »
Le National Centre for Complementary and Alternative Medicine (NCCAM) définit les médecines douces comme « un ensemble diversifié de systèmes, de pratiques, de produits médicaux et de soins de santé qui ne sont pas considérés actuellement comme faisant partie des soins médicaux classiques ».
Selon le NCCAM, les médecines douces comprennent cinq catégories distinctes, couvrant une vaste gamme de thérapies :
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Axées sur le corps : comme le massage, l’exercice;
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Axées sur l’esprit et le corps : comme la méditation, la relaxation, la prière;
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Axées sur la biologie : comme les produits de santé naturels, les suppléments, les plantes;
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Axées sur l’énergie : comme l’acupuncture, le toucher thérapeutique, le Reiki;
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Systèmes médicaux complets : comme la naturopathie, la médecine traditionnelle chinoise.
Les raisons pour recourir aux médecines douces sont multiples. « Les thérapies complémentaires peuvent être utilisées pour soulager les symptômes et améliorer la santé globale et le sentiment de bien-être », affirme la Société canadienne du cancer dans sa publication Traitements complémentaires : Guide à l’intention des personnes atteintes du cancer. « L’objectif des thérapies complémentaires n’est pas de traiter le cancer comme tel. Ces thérapies aident les gens à faire face au cancer, aux traitements ou aux effets secondaires et à se sentir mieux. Leur approche est holistique, puisqu’elle est axée sur la personne dans son ensemble. »
Les thérapies complémentaires peuvent faire référence à la médecine douce, qui est utilisée en plus de la médecine classique, et à la médecine alternative, qui est utilisée en remplacement de la médecine classique. Alors que les Canadiens atteints du cancer font le plus souvent appel à la médecine douce, seulement 4 à 6 % des Canadiens abandonnent les soins classiques contre le cancer pour la médecine alternative. Les thérapies complémentaires peuvent également faire référence à la médecine intégrative, qui combine les traitements de la médecine classique à ceux de la médecine douce dont l’innocuité et l’efficacité ont été démontrées.
Idéalement, « nous visons tous une approche intégrative », explique Tracy, « … la combinaison de traitements classiques et complémentaires fondée sur des données probantes pour favoriser les soins centrés sur le patient constitue le meilleur des deux mondes pour répondre aux besoins, aux préférences et aux valeurs des patients et des familles. »
Les soins intégratifs « offrent le meilleur de la médecine complémentaire et de la médecine classique », selon la Société canadienne du cancer, qui cite l’exemple d’un centre de soins du cancer qui offre de la massothérapie pour aider les patients à gérer leur stress et à améliorer leur bien-être durant les traitements classiques contre le cancer.
Le programme CAMEO d’une durée de quatre ans établit les bases du développement de soins intégratifs contre le cancer en répondant aux objectifs suivants :
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Déterminer la meilleure façon d’aider les gens atteints du cancer, tout au long de leur parcours et au-delà, à prendre des décisions éclairées fondées sur des données probantes en matière de médecines douces;
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Déterminer comment améliorer les connaissances des professionnels de la santé en matière de médecines douces et leurs aptitudes d’aide à la décision;
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Favoriser le développement et l’intégration des nouvelles connaissances et de la recherche sur les médecines douces et le cancer.
L’objectif à long terme est de faire en sorte que les programmes et le matériel élaborés par CAMEO fournissent aux patients et à leurs familles les connaissances, les compétences et les ressources nécessaires pour prendre des décisions sûres et éclairées quant aux médecines douces qui leur conviennent. En outre, il doit permettre aux professionnels de la santé dans le domaine du cancer d’informer les collectivités locales et de les aider à faire des choix éclairés à cet égard.
L’un des principaux défis pour les patients et les familles qui envisagent les médecines douces est de déterminer si ces traitements sont sûrs et efficaces.
Selon la Société canadienne du cancer, « les traitements qui offrent le plus d’espoir de réussite reposent sur des preuves scientifiques solides. Les traitements classiques ont été testés et leur utilité a été démontrée lors d’essais auprès de très nombreux patients. Il est important d’évaluer les traitements complémentaires de la même façon que les traitements classiques, par des études scientifiques rigoureuses. »
De nombreuses personnes utilisent plus d’une forme de traitement complémentaire. Il est donc important de déterminer comment ces thérapies interagissent entre elles et si elles influent sur l’efficacité des traitements classiques contre le cancer.
Dans ses lignes directrices de pratique clinique fondée sur des données probantes en matière de thérapies complémentaires, la Society for Integrative Oncology (SIO, 2009) recommande que tous patients atteints du cancer :
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soient interrogés au sujet de l’utilisation des médecines douces;
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soient conseillés par du personnel qualifié en matière de médecines douces, d’une façon ouverte, fondée sur des données probantes et axée sur le patient;
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soient avertis d’éviter les thérapies présentées comme « alternatives » aux soins classiques.
« Pour prendre une décision en matière de médecines douces, il ne suffit pas de s’appuyer sur des données probantes. Il faut également tenir compte des croyances de la personne, de ses valeurs, de ses objectifs, de sa position dans son réseau social et de la façon dont elle fait des choix au sein de ce réseau social », explique Tracy.
« Cela fait aussi appel au jugement des cliniciens. Les médecins, les infirmières, les pharmaciens et les autres professionnels de la santé côtoient de nombreuses personnes atteintes du cancer et ils peuvent vous aider à prendre des décisions en matière de médecines douces. Si vous considérez l’ensemble de ces éléments, vous pouvez prendre une décision éclairée. »
Ressources en matière de médecines douces
Les liens suivants fournissent des renseignements détaillés sur certains traitements de médecine douce, sur la recherche, de même que des renseignements sur la façon de parler de médecine douce aux fournisseurs de soins de santé, des conseils pour la prise de décision et plus encore :
Programme CAMEO
www.bccancer.bc.ca/cameo
Société canadienne du cancer – Traitements complémentaires : Guide à l’intention des personnes atteintes du cancer
Deng et al., (2009). Evidence-based clinical practice guidelines for integrative oncology: Complementary therapies and botanicals. Journal of the Society for Integrative Oncology, 7(3), 85-120.
www.Integrativeonc.org
World Cancer Research Fund & American Institute for Cancer Research (WCRF & AICR). Synthesis of Food, Nutrition, & Physical Activity Research in the Prevention of Cancer (2007)
http://www.dietandcancerreport.org/
The Integrative Medicine Service – Memorial Sloan-Kettering Cancer Center
www.mskcc.org (cherchez « integrative medicine »)
Natural Medicines Comprehensive Database
US National Library of Medicine – National Institutes of Health
www.PubMed.org